Le vif du sujet :
2020, un passage qui aura fait vaciller les indicateurs de toute sorte, dont ceux faisant partie des domaines « économico-sociaux » et auxquels nous accordons de notre côté une attention particulière, le but étant de fournir de la visibilité et d’aider à cerner une situation délicate qui sera, en fonction des décisions qui seront prises, quel que soit l’organisation concernée, « maîtrisée ».
Ainsi, sera présentée, à travers cette brève analyse, une observation de la dynamique du marché de l’emploi en Algérie, dont un focus dédié à l’exercice en cours. Des analyses plus globales et complètes qui abordent les exercices antérieurs à 2020 seront ultérieurement publiées.
Reprendre un rapport déjà fait :
Les données qui constituent l’article présenté ont pour leur plupart déjà été publiées, sous forme différente par l’agence national de l’emploi, qui propose de façon régulière des rapports détaillés. Rapports élaborés par la direction de l’information, des études et de la documentation (direction générale des impôts).
Cependant la limite de ces rapports réside dans le fait que les publications dont il est question ne représentent qu’un instant T du marché de l’emploi, ce qui nous a conduit à les reprendre dans le but de proposer une lecture plus dynamique de l’évolution de la situation du marché de l’emploi en Algérie.
Les offres d’emplois :
Le graphique ci-dessous, indique l’évolution des offres d’emplois pour le premier tiers de chaque année représentée : c’est-à-dire du mois de Janvier au mois d’Avril (inclus).
Le graphique indique une baisse assez importante des offres d’emplois durant le premier tiers de l’année 2020 (38,4% en moins par rapport à la même période de l’année 2019).
Cette baisse est constatée quel que soit le secteur observé, tel que l’indique le graphique suivant :
Répartition des offres d’emploi par secteur d’activité :
En revanche une analyse plus fine permet un constat plus intéressant, car une évolution est observée lorsque l’on regarde le poids que représente chaque secteur par rapport à l’ensemble des offres d’emplois tel que l’indique le tableau suivant :
Ainsi, on remarque que le secteur des BTPH contribue de moins en moins à la création d’emplois au fil des années, ce qui pourrait correspondre à la réalité du secteur qui a connu une explosion durant les années précédentes suite à un encouragement et/ou insistance de l’état à l’égard d’importants projets lancés durant ces mêmes années.
Bon ou mauvais signe ?
L’interprétation doit prendre en considération plusieurs facteurs. Est-ce un cycle de vie habituel pour un tel secteur d’activité, y-a-t-il saturation ? absence d’investisseurs ? et est-ce que les investissements antérieurs ont été rentables, non pas seulement du point de vue financier pour l’investisseur, mais en matière de valeur ajoutée globale, c’est-à-dire des infrastructures générant du profit et des avantages (centre commerciaux, cliniques, hôtels et autres entreprise), ou permettant de diminuer les dépenses globales (absorption des coûts de loyers à travers la création des logements au profit des citoyens).
D’un autre côté, même si une baisse globale de l’offre d’emploi est constatée pour les autres secteurs d’activités affichés, l’évolution qu’elle soit négative ou positive, du poids que représente chaque secteur par rapport à l’ensemble n’est pas seulement liée à l’affaissement du secteur des BTPH, puisque d’un autre côté, le nombre total d’entreprises en Algérie est en croissance.
Certainement un bon signe, puisqu’en d’autres termes, nous sommes en train de faire référence à une évolution du tissu économique, non pas en matière d’effectifs d’entreprises, mais en termes de structure, d’activités exercées et de fonctionnement de ces organisations à partir du moment où elles deviennent de plus en plus en mesure de générer de l’emploi.
Les placements :
L’offre d’emploi en baisse est accompagnée d’une baisse des placements, selon le graphique indiqué ci-dessous :
Une forte baisse des placements durant le premier tiers de l’année 2020 par rapport à la même période de l’année 2019. 38,6% en moins, un taux presque similaire à celui représentant l’évolution (négative) des offres d’emploi (voir plus haut).
Répartition des placements par secteur d’activité :
Comme cela a été constaté pour les offres d’emplois (voir plus haut), une évolution plus ou moins importante en fonction du secteur d’activité est constatée lors de l’observation des poids des secteurs par rapport à l’ensemble des placements :
On remarque donc que le secteur des BTPH a une contribution de moins en moins importante en matière de placements.
Les secteurs de l’industrie et des services quant à eux ont une évolution quasi similaire à celle réalisée par ces mêmes secteurs au niveau des offres d’emplois.
En revanche, contrairement à son poids en matière d’offres d’emplois, le secteur de l’Agriculture gagne en importance pour ce qui est des placements réalisés lors du premier tiers de l’année.
Confrontation :
Le graphique ci-dessous superpose les offres d’emplois et les placements afin de fournir une vision plus globale des deux facettes de l’emploi précédemment présentées.
Il nous est ainsi possible d’observer que de manière générale, presque trois quarts (¾) des offres d’emplois proposées débouchent sur un placement. En d’autres termes, statistiquement, les sources de données exploitées indiquent que pour 4 offres d’emplois manifestées, 3 sont concluantes.
A noter que les offres d’emplois proposées ainsi que les placements réalisés et dont il est question sont des contrats dont la nature et le type peuvent être différents (durées et postes).
Qu’en est-il de la demande ?
En effet, nous avons abordé l’offre d’emploi sous différents angles de vue, cependant, afin que l’appréciation de celle-ci soit plus pertinente, quel que soit le niveau de spécialisation du lecteur vis-à-vis du sujet, il serait plus intéressant de la confronter à la demande d’emploi, sans oublier que les résultats présentés sont destinés à mettre en exergue, et avant tout l’état de la situation en 2020.
Nous constatons ainsi, qu’il est possible sans avoir recours à des calculs poussés, que la demande globale d’emploi est bien supérieure à l’offre puisqu’elle se compte en millions (d’individus).
Nous pouvons aussi observer une demande de plus en plus importante d’année en année : le 1er tiers de l’année 2020 est 23,5% supérieur à celui de 2019 en matière de demandes.
Bon ou mauvais signe ?
L’interprétation des chiffres relatifs à la demande va elle aussi dépendre de plusieurs facteurs, car plusieurs hypothèses pourraient être définies selon : l’évolution des types de profiles constituant la demande, la hausse ou baisse du nombre d’actifs actuels, l’évolution du tissu économique, focalisation sur la croissance de la demande ou bien sur le chiffre absolu … etc.
Nous avons bien évidemment pris le soin d’apporter des réponses à certaines de ces problématiques à travers des analyses qui seront ultérieurement présentées, même si dans l’absolu, la demande est très importante par rapport à l’offre existante comme l’indique le tableau ci-dessous :
Conclusion :
En abordant la question de « l’emploi » en Algérie, nous avons de notre côté débuté par une analyse dédiée à ce début 2020, qui montre globalement une baisse importante des offres d’emploi et des placements contre une hausse de la demande.
Même si ces résultats ne représentent pas un nombre suffisant de dimensions permettant de « prédire » une meilleure situation socio-économique, puisque cela dépendra du prolongement du contexte en cours, le passage actuel ne reste qu’un passage, qu’il soit temporaire ou définitif.
Prendre en considération certains signes positifs (comme nous avons pu l’observerà travers l’évolution du poids des secteurs des services et de l’agriculture) est un point non négligeable dans le cadre de la prise de mesures et décisions optimales vis-à-vis de la suite des évènements.
Notes et Méthodologie :
Les analyses réalisées ont été faites sur la base de croisements de données provenant d’organismes dont la mission principale correspond au sujet dont il est question, c’est-à-dire l’emploi. L’objectif à travers ces croisements aura été :
1. D’évaluer la pertinence des données en en évaluant la cohérence.
2. D’identifier les tendances à travers les croisements réalisés.
3. Evaluer l’exploitabilité des données utilisées en fonction de la pertinence et de la représentativité des tendances observées vis-à-vis d’évènements et contextes économiques et sociaux, mais aussi, par rapport aux autres sources de données exploitées.
Les résultats exposés sont aussi destinés à être soumis à l’appréciation du lecteur vis-à-vis de sa réalité, en plus de donner une image représentant la situation actuelle.
Les données collectées sont aussi vérifiées à travers la révision des calculs réalisés dans les rapports publiés. Cela permet d’identifier :
· La nature des erreurs.
· Les process mis en place dans le cadre de la récolte de données.
· Le rôle des outils/logiciels exploités par le fournisseur de données dans le cadre de la récolte de celles-ci.
Nos méthodologies nous permettent aussi d’évaluer la crédibilité, la cohérence et la fiabilité des données exploitées ainsi que les méthodologies déployées par les sources exploitées.
Nous suggérons que cette publication soit prise d’un point de vue relatif en accordant plus d’attention aux tendances qu’aux chiffres absolus, même si selon nous, les écarts par rapport au réel ne dépasseraient pas les 15%.